samedi 5 février 2011

QUADUCITE D'UNE CLASSE POLITIQUE


Tout récemment je relisais quelques unes de mes chroniques anciennes dans la rubrique CHRONIQUE HEBDOMADAIRE DE POMPEE JEMS STEVENSON. Et, je suis tombé sur cet article que j'ai écrit en Avril 2009. J'ai trouvé qu'il était tout à fait judicieux de le publier sur mon site afin que mes lecteurs puissent en profiter. A vous d'en juger. (La version anglaise sera bientôt online)
                             

                                                                   
 

Voila ce qu’on lit dans une dépêche du 17 avril 2009 sur le site www.HaitiWeb.com :
  Pourquoi doit-on s’abstenir de voter aux élections du 19 avril
2009 ?
1-   Pour protester contre la division

2-   Pour dire non aux gaspillages des fonds publics
3-   Pour dénoncer l’absence de programme de développement dans les partis politiques
4-   Pou nou di non ak grangou lan peyi a, non o chomaj
5-   Pou nou mande chanjman lan sistèm edikasyon, nan sistèm politik
                    



Quand un peuple cesse de se préoccuper de savoir qui doit le diriger, c’est évident qu’il y a un problème. Car aux yeux du peuple, voter c’est confier une responsabilité à des « Adultes Responsables ». Sage est celui qui comprend que de ‘’Grands pouvoirs entrainent de Grandes responsabilités’’. Mais à qui faut-il confier ces pouvoirs quand on a ce sentiment d’un déficit total de responsabilité chez ces prétendants au trône ?
Il faut croire que c’est là une des questions auxquelles le peuple haïtien n’a su trouver une réponse acceptable à son goût, en tout cas jusqu’ à ces sénatoriales partielles du 19 avril 2009. Toutefois, dire que la rue, le peuple par son abstention de voter à ces élections a exprimé son désaveu uniquement face à la conduite du pouvoir en place est un leurre. C’est un faux-semblant de légitimité, de soulagement qu’on donnerait à qui de droit.
C’est évident, il n’y aurait pas de juste plaidoirie pour défendre un pouvoir qui n’a pas su faire preuve de responsabilité envers ses sujets. Son bilan certainement s’inscrit dans la continuité par rapport à ce qu’on a connu depuis 1986, échec sur toute la ligne comme on dit, car l’éternelle descente aux enfers pour ce pays en agonie suit son cours, c’est là tout au moins le point de vue de l’haïtien d’en-bas.
Donc, s’abstenir de prendre part aux élections est sans nul doute un signe fort par lequel le Petit Haïtien traduit son dégout et dit à ses dirigeants « nous en avons assez de vos manières de nous diriger ». Mais doit-on voir dans cet acte le besoin de sanctionner un homme, un parti ou un pouvoir ?
Par ce geste, l’électeur haïtien n’a pas fait que sanctionner un pouvoir, il va beaucoup plus loin, désapprouvant le comportement de toute la classe politique. C’est une mention mauvaise qu’il donne à tous nos leaders politiques recalés qui une fois de plus ou de trop n’ont pas eu la moyenne suffisante pour être admis en classe supérieure.
Il s’avère donc nécessaire à stade de rechercher de nouvelles têtes à qui on pourrait confier la direction du pays. Il est clair que ces ‘’Vieurots’’ de la classe politique actuelle ne sont plus de mise, car il parait peu évident qu’on arriverait à affronter les défis d’un monde devenu trop moderne avec des idées trop anciennes, démodées.  
Donc, l’idéal serait une épuration pure et simple de cette classe politique ou encore un recyclage en bonne et due forme ou mieux sa mise hors-jeu en la déclarant Caduque. Mais il faut admettre que de telles solutions seraient vues comme trop radicales. Elles manquent un peu de réalisme, d’autant plus qu’elles s’apparenteraient à ces pratiques brutes et ‘’déchoucagistes’’ que nous avons tant reprochées à nos malheureux pères. Il nous faut donc rompre avec ces anciennes pratiques pour éviter de revenir à cette relation de ‘’causes à effets’’ qui a marqué le règne de nos ancêtres pour faire de notre Haïti juste l’ancienne  « Perle des Antilles ».
Mais alors, comment devrions-nous procéder pour renouveler une classe politique inutile, irresponsable mais surtout néfaste pour le progrès de la nation et permettre l’émergence de leaders plus avisés ?
Une solution qui s’adapterait à la modernité de notre temps passe obligatoirement par la restructuration de nos partis politiques. Cela commencerait d’abord par la mort du « Paternalisme Politique » qui fait du leader de parti l’eternel candidat à  la présidence et le chef désigné de son parti jusqu’ à sa mort ou au mieux jusqu’ à ce qu’il se considère comme inapte à remplir cette fonction. Ce qui arrive très rarement, d’ailleurs la jeune génération des années 80 n’a pas connu un exemple de cas.
La démocratisation des partis politiques est d’un intérêt capital pour notre société. Elle engendrerait certainement, à l’intérieur des partis politiques haïtiens, une révolution à travers laquelle des idées nouvelles, beaucoup plus conscientes de la réalité actuelle du monde, viendraient supplanter cette façon de faire ‘’ à l’ancienne’’ de nos pères. Ce serait une révolution pacifique qui finirait pas renouveler (restructurer) la classe politique, sans nul besoin de « couper têtes, boule kay » qu’on a si bien ancré dans nos têtes.
Cette nouvelle configuration permettrait d’abord de dynamiser la classe politique haïtienne. Elle engendrerait une concurrence non seulement entre les partis politiques mais aussi à l’intérieur des partis entre les adhérents. Ce qui aurait pour effet, comme d’ailleurs c’est le cas dans toute situation de concurrence, d’inciter le sens de l’innovation, de stimuler la créativité des aspirants au pouvoir. A l’instar des disciplines sportives où les équipes choisissent leurs meilleurs athlètes pour jouer une compétition, les partis pourraient alors se faire représenter aux élections par des candidats beaucoup plus aptes à motiver un électorat.
Une telle démarche serait bénéfique pour la nation toute entière car il en découlerait l’accouchement de programmes politiques plus consistants et mieux préparés. Le peuple d’ailleurs ne demande qu’à être dirigé, mais il préfère se sentir en de bonnes mains, il veut avoir confiance en ses dirigeants et savoir que ses derniers ne se préoccupent pas seulement de leurs primes de fin de mois et autres avantages du pouvoir mais aussi de leur sort. Sans nul doute, la démocratisation et la transparence du processus du choix des candidats au sein des partis politiques contribueraient à faire renaitre la confiance de l’électorat haïtien. Cette manière de faire de la politique a fait ses preuves ailleurs et toujours, pourquoi ne pas l’essayer, pourquoi pas chez nous ?

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